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Les partages d'Elvin
16 mai 2012

La patience - Shantideva

 

 

La patience

 

 

La patience

 

 

1.    Un instant de colère détruit
       Toutes les activités bénéfiques
       Accumulées par beaucoup d'efforts
       Et pendant très longtemps.

 

2.    Il n'existe pas de faute comparable à la colère,
       Et pas de vertu comparable à la patience.
       C'est pourquoi je la cultiverai
       Avec énergie et de multiples façons.

 

3.    Quand cette maladie, la colère, s'empare
       De l'esprit, celui-ci ne connaît pas la paix,
       Ne goûte ni à la joie, ni au bonheur,
       Et est instable et furieux.

 

4.    Mais celui qui, avec effort,
       A complètement vaincu la colère,
       Éprouve un constant bien-être
       Et une joie inaltérable!

 

5.    La colère, se nourrissant du mécontentement
       Issu de la réalisation de ce que je ne veux pas,
       Et de l'insatisfaction de mes désirs,
       Se fortifie et me détruit.

 

6.    C'est pourquoi je détruirai
       Tout ce qui nourrit cette perturbation,
       Elle qui n'a aucune autre fonction
       Que celle de me nuire.

 

7.    Ainsi, quoi qu'il arrive,
       Ma joie ne sera pas troublée,
       Car le mécontentement ne me profite
       En rien et détruit les mérites acquis.

 

8.    Lorsque le feu se propage
       D'une maison à une autre,
       On retire les matières inflammables
       Qui pourraient alimenter sa propagation.

 

9.    De même, lorsque le feu de la colère se propage,
       Je dois immédiatement abandonner
       Tout attachement pouvant l'attiser,
       Afin que les mérites ne partent pas en fumée.

 

10.  S'il existe un remède,
       Pourquoi s'énerver ou s'attrister?
       Et s'il n'en existe pas,
       A quoi bon le mécontentement?

 

11.  Les causes du bonheur apparaissent rarement;
       Les causes de douleur sont grandes.
       Or, c'est de la souffrance que vient le désir de libération;
       Sois donc ferme, mon esprit!

 

12.  Il n'existe rien qui, par accoutumance,
       Ne devienne facile à réaliser;
       Ainsi, en s'habituant aux souffrances légères,
       On arrive à en supporter de grandes.

 

13.  Je resterai patient envers le froid,
       La chaleur, la pluie le vent, la maladie,
       La fatigue, l'emprisonnement ou les coups:
       S'en inquiéter, c'est souffrir d'avantage!

 

14.  Certains, à la vue de leur propre sang,
       Redoublent de vaillance et d'assurance;
       D'autres, à la vue du sang d'un autre,
       Défaillent ou s'évanouissent.

 

15.  Cela vient de la fermeté
       Ou de la faiblesse de l'esprit.
       C'est pourquoi je négligerai la douleur
       Et resterai toujours heureux!

 

16.  La souffrance ne trouble pas
       La lucidité de l'esprit du sage,
       Car il livre combat contre les passions,
       Et cette bataille ne va pas sans douleur.

 

17.  Par ailleurs, la souffrance possède d'excellentes qualités:
       En nous affligeant, elle dissipe l'arrogance,
       Nourrit la compassion envers les êtres du cycle,
       Nous fait éviter les fautes et aimer la vertu.

 

18.  Pour la satisfaction de mes désirs,
       J'ai enduré des millions de fois
       Le feu de la confusion, et cela sans profit,
       Ni pour moi ni pour les autres.

 

19.  Si, au prix de moindres souffrances,
       J'échappe aux supplices de la confusion,
       Je ne peux que me réjouir de ces douleurs
       Qui dissipent le malheur du monde!

 

20.  Je ne m'énerve pas contre les maladies
       Et autres causes de grandes souffrances;
       Pourquoi m'irriterais-je contre les êtres conscients
       Qui agissent eux aussi en raison de conditions?

 

21.  Bien que n'étant pas désirées,
       Les maladies apparaissent;
       De même, sans être voulues, les perturbations,
       Telle la colère, s'élèvent chez les êtres.

 

22.  Par irréflexion, certains s'infligent
       Toutes sortes de tortures:
       Ils se pendent, se jettent dans le vide,
       Et s'intoxiquent de maintes façons.

 

23.  Si, sous l'influence des perturbations,
       Ils vont jusqu'à se détruire eux-mêmes,
       Comment, dans leur confusion,
       Épargneraient-ils les autres?

 

24.  Si leur nature était de nuire à autrui,
       Il ne serait pas plus logique
       De m'irriter contre eux
       Que contre le feu dont la nature est de brûler!

 

25.  Et si ces fautes ne sont que maladies de l'esprit,
       Si les êtres sont naturellement bons,
       M'irriter contre eux n'est pas plus logique
       Que de m'énerver contre un ciel nuageux.

 

26.  La réunion des conditions ne pense pas
       Qu'elle engendre quelque chose,
       Et l'effet produit
       Ne pense pas qu'il est engendré.

 

27.  Ayant compris cela,
       Je resterai calme
       Envers ces phénomènes
       Semblables à des illusions.

 

28.  Ainsi, si l'on voit quelqu'un,
       Ami ou ennemi, agir de façon nuisible,
       Il faut se souvenir: "Cela provient de telles conditions",
       Et demeurer dans la joie.

 

29.  Si tout s'accomplissait
       Selon nos désirs,
       Personne ne souffrirait,
       Car personne ne souhaite la douleur!

 

30.  J'ai moi-même auparavant infligé
       Aux êtres de pareilles souffrances:
       Il est donc juste que ces maux
       Reviennent sur moi qui ai nui aux autres.

 

31.  De plus, c'est en raison
       De mon attachement à mon corps
       Que j'endure ces souffrances:
       Envers qui donc pourrais-je m'irriter?

 

32.  Je n'aime pas la douleur, mais,
       Tel un insensé, j'aime la cause de ma douleur!
       Puisqu'elle provient de mes propres erreurs,
       Pourquoi en vouloir à un autre?

 

33.  Pourquoi ai-je accompli auparavant ces actes
       Qui me valent d'être tourmenté par les autres?
       Puisque ces souffrances dépendent de mes actions,
       Pourquoi en vouloir à d'autres?

 

34.  C'est poussé par mes actions
       Qu'apparaissent mes persécuteurs.
       Grâce à eux, je purifie de nombreuses fautes
       Par la pratique de patience: ils sont donc mes bienfaiteurs!

 

35.  Et leur nuire en retour
       N'aidera personne, que ce soit eux ou moi!
       Ma pratique spirituelle en sera affectée
       Et ma vertu de patience détruite.

 

36.  Puisque l'esprit est immatériel,
       Personne ne peut lui faire de mal,
       Et s'il est affecté par la douleur physique,
       C'est à cause de son attachement au corps.

 

37.  Si le mépris, les injures
       Et les paroles déplaisantes
       Ne peuvent nuire au corps,
       Pourquoi, esprit, t'irriter à ce point?

 

38.  Si mes ennemis sont un obstacle à mes gains,
       Je dois me souvenir que tôt ou tard,
       Je devrai les abandonner,
       Tandis que mes fautes garderont leur force.

 

39.  Mieux vaut mourir aujourd'hui même
       Que de mener longtemps une vie incorrecte.
       On peut rêver un siècle ou un instant de bonheur;
       Mais lorsque l'on se réveille, ce bonheur disparaît.

 

40.  Il en est de même d'une longue
       Ou d'une courte vie:
       Toutes deux s'achèvent
       A l'heure de la mort.

 

41.  Après avoir longtemps savouré les plaisirs,
       Après avoir accumulé les biens,
       Je m'en irai nu et les mains vides,
       Comme un homme dépouillé par les voleurs.

 

42.  Je resterai patient envers ceux
       Qui affaiblissent la confiance que d'autres me portent,
       Puisque ces paroles déplaisantes sont liées
       A la force des perturbations.

 

43.  Je resterai calme envers ceux
       Qui détruisent ou outragent
       Les représentations du Dharma,
       Car les Éveillés et les sages n'en souffrent pas.

 

44.  Je resterai calme envers ceux
       Qui maltraitent les maîtres,
       Proches et amis, en comprenant
       Que cela provient de conditions.

 

45.  Louer les vertus d'autrui
       Est un bonheur délicieux,
       Une source de joie
       Recommandée par les sages.

 

46.  J'ai engendré l'esprit d'éveil
       En souhaitant le bonheur de tous les êtres;
       Comment m'irriter
       Lorsqu'ils le trouvent par eux-même?

 

47.  Puisque je souhaite que tous les êtres
       Deviennent des Éveillés vénérés dans les trois mondes,
       Je me réjouirai lorsque je les verrai
       Recevoir hommages et donations!

 

48.  Et s'il arrive un malheur
       A ceux que tu n'apprécies pas,
       Il n'est rien de plus misérable
       Que de s'en réjouir.

 

49.  Les louanges, la renommée, les honneurs,
       Ne m'apportent ni mérites, force ou santé,
       N'allongent pas d'une seule seconde la vie,
       Et ne contribuent pas au bien-être physique.

 

50.  Les enfants pleurent de tristesse
       Lorsque leurs châteaux de sable sont démolis;
       De même, lorsque réputation et éloges faiblissent,
       Mon esprit est comme celui d'un enfant.

 

51.  "Mais celui qui me loue en est heureux,
       Et ma réputation est cause de ma joie."
       Si je suis heureux de son bonheur,
       Alors je dois l'être dans tous les cas.

 

52.  Pourquoi donc le bonheur qu'il trouve dans son affection
       Pour un autre ne me cause-t-il aucun plaisir?
       Ainsi, la joie que j'éprouve quand on me loue
       Est incohérente et n'est qu'une attitude infantile.

 

53.  Les louanges provoquent la dispersion,
       Nuisent au renoncement du cycle,
       Font jalouser même les personnes vertueuses,
       Et dévastent mes qualités.

 

54.  Donc, ceux qui s'efforcent
       De détruire ma réputation
       Ne sont-ils pas mes bienfaiteurs,
       En protégeant ainsi mon esprit?

 

55.  Les biens et les honneurs sont une chaîne
       Faisant obstacle à ma libération;
       Pourquoi m'irriterais-je
       Envers ceux qui me délivrent de ces liens?

 

56.  J'allais entrer dans la souffrance, et ils sont
       Comme une porte fermée placée entre elle et moi
       Par les bénédictions des Éveillés:
       Comment pourrais-je leur en vouloir?

 

57.  Ces ennemis ne sont pas
       Un obstacle à mes bienfaits,
       Car ce sont eux qui me permettent
       De pratiquer la patience!

 

58.  C'est de ma propre faute
       Si je suis impatient envers eux;
       C'est moi seul qui entrave les mérites
       Que je pourrais acquérir par la pratique de la patience!

 

59.  Ainsi, tel un trésor apparu dans ma maison
       Acquis sans aucun effort,
       Cet ennemi doit m'être cher,
       Car il m'aide à obtenir l'éveil spirituel.

 

60.  C'est pourquoi c'est lui
       Qui doit recevoir en premier
       Les fruits de la pratique de patience,
       Puisqu'il en est la cause.

 

61.  C'est en dépendance de l'hostilité
       De mes ennemis qu'est produite la patience:
       Ainsi dois-je vénérer cet ennemi
       Comme mon maître suprême.

 

62.  Les vertus d'un Éveillé sont issues de la vénération
       Des êtres comme de celle des Vainqueurs.
       Ils ne sont pas égaux dans la grandeur
       De leur intention, mais dans les effets engendrés par elle.

 

63.  Les êtres sont donc semblables aux Éveillés,
       Car comme eux ils permettent d'atteindre l'éveil.
       Mais ils ne sont pas vraiment comparable
       A ces océans de bonté infinie.

 

64.  Qu'une seule parcelle des excellences
       Des qualités sublimes d'un Éveillé apparaisse
       Chez un être, et l'offrande des trois mondes
       Ne suffirait pas pour l'honorer.

 

65.  Or, cette parcelle qui donne naissance
       Aux vertus suprêmes des Éveillés
       Est présente chez les êtres,
       Et il est donc juste de les honorer.

 

66.  D'ailleurs, comment pourrions-nous nous acquitter
       Envers les Éveillés et les bodhisattva,
       Ces amis sincères, ces bienfaiteurs du monde,
       Hormis en plaisant aux êtres?

 

67.  Puisqu'en aidant les êtres, on paie en retour
       Ceux qui se sacrifient et entrent dans les pires enfers,
       Même s'ils me causent de grands tourments
       J'oeuvrerai toujours avec bonté à leur égard.

 

68.  Alors que les maîtres eux-mêmes
       Se dévouent sans réserve pour les êtres,
       Comment pourrais-je les considérer avec orgueil
       Et ne pas être leur esclave?

 

69.  Les Vainqueurs se réjouissent quand les êtres sont heureux;
       Ils sont tristes quand ils souffrent;
       Ainsi, lorsque je les satisfait, les Éveillés sont satisfaits,
       Et quand je les offense, ce sont les Éveillés que j'offense.

 

70.  Ceux allés en la Joie considèrent
       Les êtres du cycle comme eux-même;
       Si ce sont les Vainqueurs qui apparaissent
       Sous la forme des êtres, comment ne pas les respecter?

 

71.  Servir les êtres, c'est servir les Vainqueurs,
       C'est réaliser mon propre bien,
       C'est dissiper la douleur du monde,
       Donc toujours je m'y appliquerai.

 

72.  Ayant bien compris cela, je m'efforcerai
       Par tous les moyens à ce qui est méritoire,
       Afin que tous soient animés d'un esprit bienveillant
       Les uns envers les autres.

 

 

SHANTIDEVA

extrait du Bodhisattvacharyavatara

 

 

Source : cliquer sur ce (lien)

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